J. J. Abrams, producteur:
"La peur s'est invitée dans nos vies. En consacrant un film à un événement aussi baroque et improbable que la destruction d'une ville par une créature géante, nous permettons au spectateur de vivre ses peurs en toute sécurité, et même d'en tirer du plaisir. J'ai moi aussi le désir de vivre ce genre d'expérience, de voir des films qui donnent corps et réalité à des événements plus grands que nature. Cloverfield remplit parfaitement cette mission."
J. J. Abrams, producteur :
"Dès le départ, j'ai pris en compte l'impact de YouTube sur notre vision du monde. Aujourd'hui, si vous restez en ligne ne serait-ce que deux minutes, vous tombez sur une vidéo, car désormais tout est prétexte à filmer et transmettre des images. Le jour où un monstre géant s'en prendra à votre ville, vous pouvez être sûr que des centaines de gens sortiront leur caméscope ou leur téléphone portable pour immortaliser l'événement."
Drew Goddard, scénariste :
"À l'ère du Web, toutes ces vidéos ont un côté voyeuriste, même lorsqu'elles décrivent les activités quotidiennes des gens les plus ordinaires. Le simple fait que ce soit réel nous incite à les regarder avec la délicieuse impression de pénétrer par effraction dans la vie des autres. C'est cet effet de réel qui assoit la crédibilité du film au cours du premier acte et rend la suite acceptable."
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Zoom avant
Un film d'amateur filmant un monstre!
L'idée de départ de Cloverfield germa dans la tête d'Abrams en juin 2006, durant l'escale nippone de sa tournée promotionnelle de Mission : Impossible III. Le créateur des légendaires séries "Felicity", "Alias" et "Lost", observait avec son jeune fils la vitrine d'une boutique de jouets, et fût étonné de l'abondance de jouets et de figurines inspirés de Godzilla : "J'ai été frappé par la longévité de ce monstre des années cinquante, comparée à la relative fugacité de nos propres créatures fantastiques.".
Peu de temps après, Jim Abrams conçut l'idée d'un film mettant en scène un monstre d'un genre inédit, mais avec un angle de vue différent des innombrables suites et remakes de Godzilla : "J'ai pensé à un monstre de la taille d'un gratte-ciel, vu à travers le regard de personnages humains et non plus filmé "du point de vue de Dieu" ou d'un réalisateur omnipotent."
Lorsque le producteur appelle le scénariste Drew Goddard, avec lequel il a travaillé à de nombreuses reprises sur "Alias" et "Lost", il ne lui indique que le pitch de départ : un monstre gigantesque dévastant une ville, filmé caméra à la main. Mais, Drew est le premier scénariste auquel Abrams a pensé car selon lui "...il sait habilement marier grand spectacle, film de genre et monstres sans négliger l'aspect comédie et la dimension humaine ".
Cloverfield serait à l'évidence un film de genre, mais qui restituerait avec un maximum d'intensité les expériences et émotions de ses personnages.
Abrams et Goddard se retrouvèrent quelques semaines plus tard pour élaborer un traitement de 5 pages couvrant le premier acte du film. Durant les fêtes de fin d'année, Goddard en tirerait un premier jet de 58 pages. Le projet, plaisamment décrit par Abrams comme "un mélange de comédie dramatique à la Cameron Crowe, de Godzilla et de Blair Witch Project", fut alors présenté à Brad Weston et Brad Grey de Paramount Pictures, qui lui donnèrent aussitôt le feu vert.
Alors que Goddard s'attelait au développement du scénario, les producteurs se mettaient en quête d'un réalisateur. Le choix se porta sur Matt Reeves, ami de longue date d'Abrams, rencontré à l'âge de 13 ans lors d'un concours de films amateurs, et avec lequel Abrams a créé il y a dix ans la série à succès "Felicity". Le choix était aussi audacieux qu'inattendu, car Reeves n'avait aucune expérience du film de genre et des effets visuels. Mais selon Abrams : " Ce film est à l'opposé de tout ce que Matt avait fait à ce jour, mais j'ai opté pour lui parce qu'il a toujours accordé la primauté aux personnages. Je savais qu'il se focaliserait bien davantage sur ceux de Cloverfield qu'un réalisateur de pub ou de vidéos, et qu'il nous permettrait de partager leurs émotions."
Le film s'intéresse effectivement bien moins aux déprédations commises dans les rues de Manhattan par un monstre géant qu'au périple haletant d'un petit groupe de jeunes confrontés à une crise extrême. Le tout capté par un vidéaste amateur totalement dépassé par les événements…
Ce qui attire le réalisateur Matt Reeves c'est l'idée de traiter une catastrophe majeure à une échelle intimiste, de dégager une ambiance par la proximité physique et affective des personnages. Le challenge consistait à créer quelque chose, pour cela, la première section du film est une soirée entre amis qui permet d'installer en une vingtaine de minutes les relations des personnages. Alors que le spectateur s'attend à ce que le réalisateur poursuive dans le même registre, voilà que déboule une histoire de monstre complètement dingue qui nous plonge en quelques instants dans un drame épique. Après la décapitation de la Statue de la Liberté, qui donne le signal des hostilités, le réalisateur n'aura plus guère l'occasion de vous pencher sur la psychologie des personnages. Il était donc important de les situer avec précision dans ce premier acte, avant que le ciel ne leur tombe sur la tête.
Ce sont donc des fragments récurrents d'enregistrements antérieurs qui illustrent la relation amoureuse de Rob et Beth.
Un buzz savamment orchestré
Préparé et tourné dans le plus grand secret, le film offrit aux acteurs une expérience fascinante : "On avait le sentiment de participer activement à la mise en scène au lieu d'en être simplement l'objet", indique Jessica Lucas (Lily, la meneuse du groupe). Distillé en touches subtiles sur le net depuis juillet 2007. Le film piloté par le producteur et réalisateur J.J. Abrams (Lost, Alias, MI3…), quelques photos de Manhattan en ruines dû à une créature malfaisante : est-ce Godzilla ? des Aliens ? une attaque terroriste ?) et une date annoncée, le 18/1/08. Tout le web a relancé la rumeur de film à succès : un procédé déjà utilisé il y a deux ans, lorsque le même Abrams avait orchestré une opération similaire pour les fans de sa série Lost, laissant croire, avec faux sites et impostures, que la fiction avait débordé dans la réalité. Actuellement en plein tournage de Star Trek XI, J.J. Abrams remet ça en présentant son nouveau projet, au titre plus qu'énigmatique : Aladygma dont le site internet n'affiche que la série de chiffres : 00 11 22 88 !
Si les producteurs désormais ne cachent plus qu'il s'agit d'un film de monstre, il se sont toutefois bien gardés de dévoiler la bête. Un mystère qui a forcément alimenté de nombreuses rumeurs parmi les internautes évoquant tour à tour le célèbre Godzilla ou encore Cthulhu, divinité issu de l'imaginaire de l'écrivain fantastique Howard Phillips Lovecraft!
Baptisé affectueusement "Clover" pendant le tournage, le monstre de Cloverfield n'a pas de nom officiel ! Cela vient complèter une carte d'identité déjà bien peu remplie : les producteurs ont en effet décidé de ne rien expliquer de ses origines. Pour J.J. Abrams, le concept est simple : "C'est un bébé. C'est un nouveau né. Il est confus, désorienté et de mauvaise humeur. Et il a été plongé au fond de l'eau depuis des années".
Le dessin de la bête
C'est le célèbre designer Neville Page qui s'est chargé de la création du monstre de Cloverfield. Le designer de Avatar a été choisi pour sa façon réaliste d'aborder la création de personnages : pour chacun des personnages qu'il invente, Neville Page imagine son squelette, son alimentation, sa façon de marcher...
Anecdotes
Le plan de la tête décapitée de la Statue de la Liberté est un hommage à New York 1997 de John Carpenter, sorti en 1981. Sur l'affiche originale du film, on pouvait voir la tête gisant au milieu d'une rue. Le plan n'apparaîssait toutefois pas dans le film.
Pas de musique : le film Cloverfield n'a pas de bande originale ! La première apparition d'un thème musical se fait à la toute fin du générique.
Les acteurs de Cloverfield sont volontairement des inconnus. Et pas question pour eux de parler de leur récent moment de gloire : un contrat leur interdisait de révéler une quelconque information au sujet du film.
Lorsqu'il a été dévoilé pour la première fois sur les écrans américains Cloverfield n'avait pas de titre. Il a ensuite été appelé "01-18-08", date de sa sortie américaine, avant d'être finalement intitulé "Cloverfield" qui était déjà son nom de code pendant la production. Alors que J.J. Abrams promettait au Comic-Con en 2007 que le véritable titre allait être dévoilé sous peu, il a finalement gardé "Cloverfield" (littéralement "champs de trèfles"), titre qui avait fini par s'installer dans l'imaginaire des gens. A l'origine, le film devait s'appeler Greyshot.
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