L'histoire
A propos du film Zoom avant Le réalisateur Les acteurs Vos réactions Photos Photos 2 Hulk, la série Hulk : les critiques |
Hulk, 2003, Ang Lee, Etats-Unis. Couleur. Son : DTS / Dolby Digital / SDDS. Durée: 2h17. Sociétés de production : Good Machine, Marvel Entertainment, Pacific Western, Universal Pictures, Valhalla Motion Pictures. Distributeurs : United International Pictures (UIP). Réalisateur : Ang Lee. Assistants réalisateurs : Artist W. Robinson (1er), Deanna Stadler-Jones(2nd). Scénario : John Turman, Michael France et James Schamus, d'après une histoire de James Schamus et les personnages de Marvel comics créés par Jack Kirby et Stan Lee. Producteurs : Avi Arad, Larry J. Franco, Gale Anne Hurd, James Schamus. Producteur exécutif : Kevin Feige, Stan Lee. Producteurs associés : David Womark, Cheryl A. Tkach. Directeur de la photo : Frederick Elmes. Casting : Avy Kaufman, Frank Warren. Directeur de production : Rick Heinrichs. Décorateur de plateau : Cheryl Carasik. Direction artistique : John Dexter, Greg Papalia. Costumes : Marit Allen. Montage : Tim Squyres. Musique : Danny Elfman, Kenneth Burgomaster. Maquillage : Rick Baker, Gretchen Davis, Carolyn Elias, Jake Garber, Brad Wilder. Société d'effets spéciaux : Industrial Light & Magic (ILM), K.N.B. EFX Group Inc.. Interprètes : Eric Bana (Bruce Banner), Jennifer Connelly (Betty Ross), Sam Elliott (Ross), Josh Lucas (Talbot), Nick Nolte (le père), Paul Kersey (David Banner jeune), Cara Buono (Edith Banner), Todd Tesen (Ross jeune), Kevin O. Rankin (Harper), Celia Weston (Mme Krensler), Mike Erwin (Bruce Banner adolescent), Lou Ferrigno (un garde de la sécurité), Stan Lee (un garde de la sécurité)... Date de sortie : 2 Juillet 2003. |
L'histoire
u cours d'une opération scientifique qui a mal tourné, le docteur Bruce Banner est exposé à une surdose de radiations nucléaires. Miraculeusement indemne, il sort néanmoins affecté de cette douloureuse expérience et développe le pouvoir de se transformer en Hulk, un monstre vert à la force surhumaine et à la rage incontrôlable. Cette créature ne se manifeste que lorsque ce dernier est soumis à une intense émotion. |
A propos La critique du Journal "Le Monde" "Hulk" : psychanalyse d'un géant vert rongé par l'absence de son père Ang Lee, le réalisateur de "Tigre et Dragon", s'intéresse moins à la dimension héroïque du monstre qu'à son déséquilibre intérieur, qu'expriment ses transformations incontrôlables. L'adaptation des aventures des héros des bandes dessinées Marvel étant devenue un genre cinématographique depuis les succès de X-Men, Spiderman et Daredevil, on ne pouvait qu'être curieux devant la possibilité offerte à Ang Lee, auteur totalement étranger au sérail hollywoodien, de porter à l'écran celles de l'Incroyable Hulk. Le résultat est à la hauteur de l'attente. Bruce Banner, le personnage crée en 1962 par Stan Lee et Jack Kirby peu après la crise des missiles de Cuba, était un chercheur en physique nucléaire susceptible de se métamorphoser en monstre au premier agacement. Le Hulk revu par Ang Lee, le cinéaste de Tigre et dragon, se place quant à lui à la frontière du rationnel et de l'irrationnel, de la maîtrise de soi et du dérèglement de la psyché. Comme le Spiderman de Sam Raimi, le film met en scène la revanche du bon élève, génial mais coupé de la société, qui peut, par l'intermédiaire de ses pouvoirs, affirmer sa virilité. Mais, à la différence de l'homme-araignée, Hulk insiste clairement sur la part maudite du super-héros. Il marque le retour du refoulé, la mise à nu des démons intérieurs. Le problème du héros d'Ang Lee n'est plus de sauver le monde, mais de garder son équilibre mental. En lieu et place d'une adaptation de Stan Lee, on hérite d'un film hanté du début à la fin par les obsessions du réalisateur taïwanais. Depuis Ice Storm et Ride with the Devil, les personnages d'Ang Lee sont des orphelins lâchés dans le monde, à la recherche désespérée d'une figure paternelle. Avec Hulk, on apprend que la quête du père peut avoir comme conséquence de démultiplier la taille du corps et de donner l'apparence d'un monstre verdâtre. Le film d'Ang Lee trouve ses racines dans la mythologie grecque, dont il reprend plusieurs récits - celui de Cronos dévorant ses enfants associé à celui de Minos donnant naissance à un fils monstrueux, le Minotaure. Tragédie Familiale En voyant ce père chercheur, David Banner (Nick Nolte), qui travaille sur le système immunitaire pour le compte de l'armée et qui utilise son enfant comme cobaye avant d'être mis à pied par l'administration militaire puis de disparaître mystérieusement, on sait, dès la première image de Hulk, que l'histoire sera marquée du sceau de la tragédie. Celle d'une généalogie familiale jamais résolue, d'une malédiction ancestrale se répandant tel un virus. L'apparition du fils devenu adulte, Bruce Banner (Eric Bana), génie de la recherche en génétique contrarié par le mystère de ses origines et par une incapacité chronique à avouer ses sentiments à son ancienne petite amie (Betty), permet de constater l'étendue des dégâts. Il suffit d'observer le visage perdu d'Eric Bana, sensationnel en Bruce Banner à la dérive, pour comprendre qu'il doit tout au James Dean de La Fureur de vivre, autre écorché vif tourmenté par l'absence du père. Un père utilisant son enfant comme champ d'expérimentation : Michael Powell avait tiré de cette monstruosité son plus grand film, Le Voyeur. Après lui, Brian De Palma en a exploré les potentialités avec au moins autant de perversité dans Furie, puis L'Esprit de Caïn. Mais jamais cette idée morbide n'avait été réalisée avec un gros budget hollywoodien, en avançant l'argument d'un gros monstre vert, pour mettre en valeur la noirceur d'une histoire encore plus inhumaine. L'utilisation virtuose du split screen (écran divisé) dans Hulk opère ici le même brouillage, entre une vague histoire d'espionnage - les travaux de Bruce Banner sur la reproduction des cellules sont détournés par des militaires peu scrupuleux - et un drame de l'identité. On croit voir transposé à l'écran, via le split screen, le principe des cases d'une bande dessinée. Mais très vite se met au jour une autre hypothèse : ce procédé se fait en réalité l'écho de la schizophrénie du personnage principal, vidé de sa sève avant même d'avoir pu déployer ses pouvoirs. Hulk est ainsi entièrement déterminé par l'affrontement annoncé entre Bruce et David Banner, lancés comme deux voitures prêtes à se télescoper. Il reste le monstre, dont se désintéresse largement Ang Lee, pour en faire une créature démesurée à la King Kong, capable de se déplacer avec la souplesse féline de Jackie Chan : la séquence où Hulk échappe aux rêts de l'armée puis se rend à pas de géant à San Francisco pour y rejoindre Betty, dans une chorégraphie dans la droite ligne de Tigre et dragon, pourrait figurer dans une anthologie de l'amour fou à l'écran. Or, c'est là que le bât blesse. Hulk n'est pas King Kong et Ang Lee ne cerne jamais avec le même aplomb que Schoedsack et Cooper la libido des monstres et l'attirance des femmes pour les singes. Ang Lee peine à érotiser sa créature et à faire de la belle Jennifer Connelly et de son géant vert un couple de cinéma mémorable. Le puritanisme ne sied pas à Hulk. Et Ang Lee échoue sur le front de l'érotisme, alors qu'il réussit si bien sur celui de la psychanalyse. Samuel Blumenfeld. Source : Le Monde - 02/07/2003 |
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Zoom avant D'un Lee à l'autre...
Hulk est l'enfant du très créatif Stan Lee (Spiderman, Daredevil) et d'un des plus talentueux dessinateurs de la firme Marvel, Jack Kirby. Stan Lee s'est dit largement inspiré des souvenirs qu'il avait eu de la vision de La Fiancée de Frankenstein (The Bride of Frankenstein), avec Boris Karloff dans le rôle du monstre, mais également par le personnage du Docteur Jekyll. Une ambivalence qui leur inspire donc Hulk (The Hulk), qui comme déclarent les créateurs sera " le premier super héros à être aussi un monstre ". Il apparaît pour la première fois en mai 1962 dans le numéro un d'un magazine qui lui est consacré " The Incredible Hulk ", faisant ses premiers pas la même année que Spider-Man et Les 4 fantastiques, une autre série née du duo Kirby/Lee.
Pour créer Hulk, les créateurs des effets spéciaux d'ILM ont tout testé : des bras animatroniques aux prothèses mécaniques, un Eric Bana entièrement peint en vert pas vraiment convaicant... finalement le choix -contesté- fut celui des images de synthèse. Le réalisateur n'a eu qu'à proposer ses idées et à les matérialiser sur un storyboard dessiné. Pour toutes les scènes où Hulk devait être présent, elles furent filmées en mettant une doublure aux endroits où se trouverait le personnage. Il fallait que les comédiens affrontent un personnage invisible. Devant les difficultés de placement, les techniciens d'ILM ont opté pour des doublures de Hulk mais également une grossière représentation de sa tête montée sur une perche télescopique, et qui fut vite surnommée " Elvis ".
Lou Ferrigno, le célèbre interprète de Hulk dans la série culte, apparaît quelques instants dans le film. Cette fois-ci, il n'est plus grimé de vert mais incarne un des membres du service de sécurité chargé d'intercepter le Hulk en images de synthèses... |
Ang Lee devant les photos et storyboards de Hulk |
Le réalisateur Ang Lee : Hulk et Dragon Ang Lee est originaire de Pingtung, à Taiwan. Au cours des années 70, alors qu'il a une vingtaine d'années, il quitte son pays natal pour partir habiter aux Etats-Unis. En 1978, il est diplômé d'art dramatique de l'Université de l'Illinois, puis obtient son diplôme supérieur de cinéma à l'Université de New York. Dès 1983, il reçoit le Prix du Meilleur film de fiction au Golden Harvest Film Festival à Taiwan pour son court métrage Dim Lake. Puis à la New-York University, il réalise Fine Line, un moyen métrage de quarante-cinq minutes avec Chazz Palminteri, qui lui permet de décrocher le Prix du Meilleur réalisateur et du Meilleur film au NYU Film Festival en 1985. Ses scénarios de "Pushing Hands" et de "Garçon d'honneur" connaissent des succès identiques et reçoivent chacun le Prix du Concours national de scénarios parrainé par l'Office d'Information Gouvernemental de Taiwan. Avec les gains obtenus, Lee passe au long métrage avec Pushing Hands, présenté en 1992 au Festival de Berlin et reçoit le Prix du Meilleur film au Festival du Pacifique Asiatique, puis nominé neuf fois aux Academy Awards taiwanais, les Golden Horse Awards, et en remporte trois, ainsi qu'un Prix spécial du jury. Mais c'est véritablement Garçon d'honneur, qui révèle le réalisateur sur le plan mondial. Le scénario racontant le parcours d'un couple gay américano-taiwanais remporte l'Ours d'or au Festival de Berlin en 1993, et se voit nominé à l'Oscar du Meilleur film étranger en 1994. Déclaré “film le plus lucratif du monde” par "Variety" en octobre 1994, le film a reçu de nombreux prix dans le monde entier. Installé à Taiwan, Ang Lee filme Salé sucré, s'immisçant dans une famille taïwanaise, puis le réalisateur part aux Etats-Unis en 1996... Changement immédiat de registre avec Raison et sentiments, adapté d'un roman de Jane Austen par et avec Emma Thompson... Cité sept fois aux Oscars, il remporte celui de la meilleure adaptation , et s'offre les Prix du Meilleur film et du Meilleur réalisateur aux New York Film Critics Awards et aux Boston Film Critics Awards. Ang Lee réalise ensuite de grands succès critiques comme The Ice Storm (Prix du scénario), Chevauchée avec le diable (Ride With the Devil), récit épique sur fond la Guerre de Sécession, et le fameux Tigre et dragon... Ang Lee et Nick Nolte sur le plateau / Léo Rijn, Ang Lee et le directeur du design Rick Hendrichs derrière des bustes de Hulk James Schamus et Ang Lee sont bien conscients de l'ampleur et des difficultés du projet : les multiples diffusions de la série l'ont autant servi que desservi, la série, créée en 1978, et le personnage, sont devenus à la fois "culte et kitsch". Le personnage de Hulk est pour eux un être à part, différent des autres super-héros sortis de l'imagination débordante de Stan Lee. Le terme même de "héros" leur semblait usurpé, lui qui est l'antithèse des ambitions scientifiques modernes et l'homme à la genèse de l'évolution dans ses réactions les plus primaires. Poussant plus loin le raisonnement les deux auteurs trouvent en lui : "l'incarnation des frustrations de l'amérique moderne, une excroissance dévastatrice, une gigantesque négation jeté à la face de l'ordre technologique". Les deux scénaristes donnent d'emblée le ton : Hulk ne sera pas un énième film de monstre mais doit porter en lui, un message beaucoup plus riche et complexe, une volonté affichée qui vient dans la lignée filmique de Lee : il veut d'autant plus s'investir dans le sujet qu'il a laissé tomber Terminator 3 pour s'y consacrer pleinement. Ang Lee déclare à propos de sa rencontre avec le projet Hulk : "Je ne connaissais pas très bien l'histoire de Hulk, hormis la série télévisée que je regardais étant jeune. J'ai accepté ce projet pour son approche scientifique, que je trouve passionnante. C'est devenu un grand défi pour moi. J'avais hâte de me mettre au travail, mais il me fallait également aussi créer une adaptation qui marche. J'allais aborder mon alter ego, ce monstre que je n'avais jamais osé confronter jusqu'à présent." Filmographie : Pushing Hands (Tui shou), inédit, 1992, producteur, réalisateur. Garçon d'honneur (The Wedding Banquet/Hsi yen), 1993, producteur, réalisateur. Salé sucré (Eat Drink Man Woman/Yin shi nan nu), 1994, producteur, réalisateur. Raison et sentiments (Sense and Sensibility), 1995, producteur, réalisateur. Ice storm (The Ice Storm), 1997, producteur, réalisateur. Chevauchée avec le diable (Ride With the Devil), 1998, réalisateur. Tigre et dragon (Crouching Tiger, Hidden Dragon), 2000, producteur, réalisateur. The Hire: Chosen, 2001, producteur, réalisateur. |
Eric Bana (Bruce Banner) et Jennifer Connely (Betty Ross) |
Les acteurs Ang Lee a choisi Eric Bana après l'avoir vu dans le film australien, Chopper. Dans ce film, il incarnait un tueur incontrôlable victime de crises de démence meurtrières. Pour Ang Lee, aucun doute : c'était Hulk. Après avoirfait sa connaissance, l'assurance du réalisateur s'est confirmée : "son visage est à la fois envoûtant et sympathique". L'acteur a voulu créer son propre Bruce Banner, mais la difficulté résidait dans sa parfaite connaissance du personnage interprété par Bill Bixby dans la série. Durant la pré-production, Ang Lee lui a déclaré : "Je veux que tu oublies tout ce que tu sais. Nous allons recommencer à zéro". Une affiramation nécessaire pour prendre confiance lors de l'étape de création du personnage appliquer les idées au scénario. Selon Eric Bana : "Le personnage de Hulk a demandé beaucoup de travail sur l'intériorité du personnage mais aussi physiquement. Banner est un homme tourmenté, qui refoule inconsciemment un douloureux passé. Même si Hulk est entièrement créé en images de synthèse, ses mouvements, ses expressions sont basées sur mon jeu d'acteur. Dans certaines scènes, lorsque l'on me demandait d'entrer dans des excès de fureur ou des crises de démence, je me déchainasi si bien que je n'entendais pas le clap final! Une chose m'a toujours fasciné dans la série TV, dont j'étais un fan absolu étant gosse, le Dr Banner se transforme toujours en Hulk dans un étât de souffrance. Sa mutation n'est jamais inconsciente, il fallait donc que je retranscrive cet étât. Hulk fut finalement un travail d'acteur passionnant et extrêmement enrichissant." Dans le rôle de Betty, qui est à la fois la petite amie de Bruce Banner et la fille du général Ross, ennemi juré de Hulk, Jennifer Connelly impose sa silhouette fragile et tourmentée. Après avoir été révélée par Sergio Leone avec le rôle de Deborah jeune dans Il était une fois en Amérique (Once upon a time in America), l'actrice est restée scotchée à des rôles de figures féminines belles et distinguées comme dans Rocketeer ou Hot Spot. Heureusement, sa carrière a pris un nouvel envol avec Dark City d'Alex Proyas. Récemment, elle décrocha l'Oscar et le Golden Globe pour Un homme d'exception (A beautiful mind). Pour donner la réplique au géant vert, Jennifer Connely a du ruser en matière de jeu, puisqu'elle devait pour la plupart du temps jouer face à un mannequin de carton-pâte ou devant une vitre marquée d'une croix à l'image d' une séquence-charnière du film, " un exercice vraiment spécial (...) mais amusant aussi, avec le recul " de l'aveu même de la comédienne. |
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