Mamoru Oshii, réalisateur :
"L'homme est l'avenir de l'homme. Le problème, c'est que l'être humain n'a pas conscience de cela, il n'a pas conscience que quoi qu'il arrive, malgré la technologie, c'est l'homme qui s'occupera et qui sera responsable de son avenir."
"Le film arrive à la conclusion que toutes les formes de vie: humaine, animale, et robots sont égales. Dans cette période où tout est incertain nous devrions tous penser à ce qu'il faut valoriser dans la vie et réfléchir à la façon de coexister ensemble. Dans le film, en 2032, les robots, les êtres électroniques sont devenus des compagnons indispensables. (...) Actuellement nous n'avons pas besoin d'un humanisme anthropocentrique. L'humanité a atteint ses limites. Avec ce film j'espère faire réfléchir sur l'appréhension et la crainte qui imprègnent le monde à l'heure actuelle."
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Zoom avant
Mamoru Oshii
Pour Mamoru Oshii, un film est toujours constitué d'un univers, son point de départ est une ville, puis il en définit son ambiance, ses lumières et enfin ses personnages : de là naît une histoire.
C'est un réalisateur touche à tout, bien éloigné de la mine triste et désinvolte du basset (son animal-fétiche), qui parcourt son oeuvre d'Avalon à Ghost In The Shell : Innocence. Cet ancien diplômé de l'Université d'Arts de Tokyo, travaille d'abord sur des séries animées télévisées comme Nils Holgersson ou Lamu. Il réalise son premier film, Lunettes rouges, devient peu à peu un réalisateur adulé au Japon notamment pour Patlabor.
La sortie de Ghost In The Shell confirme tout l'intérêt porté au réalisateur. Une adaptation particulièrement réussie du manga de Masamune Shirow où se mêlent toutes les répulsions d'un monde robotisé à l'extrême et les désirs des robots d'accéder à des sentiments humains.
Une fausse suite
C'est le producteur d'Oshii qui lui propose une suite à GITS. Mais cette suite n'est pas, en premier lieu, son but premier. Après une absence de huit ans dans le monde de l'animation cinématographique, Oshii passe quatre ans au développement du film avec un budget de plus us de 18 million de dollars : la scène de la célébration religieuse du dragon aura nécessité plus d'un an de travail
Lors de la présentation du film au 57ème festiva de Cannes, la critique a le sentiment à la vision d'"Innocence", de découvrir une véritable oeuvre d'art. Il est vrai qu'en l'espace de huit ans, la maîtrise des nouvelles technologies de l'image ont progressé. Alors que GITS était seulement en 2D, GITS : Innocence réalise une alchimie entre 2D et 3D rarement aussi fluide et réussie.
Anecdotes
Gabriel, (le chien de Oshii San, est la seule créature vivante du film, dans Avalon, autre film d'Oshii, les allers-retour incompréhensibles de ce même chien étaient les signes que jeu buggait. Il était également présent dans GITS premier volet, dans la scène de réflexion de Kusanagi avec en fond la musique de Kenji Kawai en fond, lorsqu'elle est en barge-taxiboat, en jetant son regard sur la ville qui l'entoure : le chien la dévisage du haut d'un pont.
Ghost in the shell 2 - Innocence a été présenté en compétition officielle au festival de Cannes 2004 où le réalisateur était aussi présent.
Mamoru Oshii travaille depuis plus de dix ans avec le compositeur Kenji Kawaï. Selon lui, c'est le seul compositeur qui l'intéresse et il le considère comme le co-créateur de ses films.
Le budget du film (deux milliards de yens) a été quatre fois plus important que celui de Ghost in the Shell et l'équipe de production a passé trois fois plus de temps sur cette "suite".
Automates, Karakuri et homme-machines
Au Japon, les automates sont cités dès l'époque Heian (fin VIIIème siècle/12ème siècle), où le texte du Konjaku Monogatari-Shu explique que des poupées dotées de mécanismes hydrauliques avaient pour fonction l'inondation des rizières. Des curieux attirés par le mécanisme ingénieux versaient de l'eau dans un récipient tenu par la poupée qui par un système de balancier déversait cette eau dans la rizière...
Au XVIIème siècle dans l'Europe Occidentale, Jacques de Vaucanson créé le premier automate qui joue du piano. Un courant de pensée philosophique, lié entre autres aux premières découvertes sur l'anatomie initie l'idée que l'homme n'est en fait qu'une machine. Selon le philosophe Hobbes (1588-1679), la machine humaine n'est qu'une enveloppe régie par des lois mécaniques, pour Descartes (1596-1650), l'homme est aussi une machine, mais contrairement aux autres machines que sont les animaux, l'homme est doté d'un esprit : "Comme une horloge composée de roues et de contrepoids … je considère l’homme ". Simultanément au Japon, suite à l'apport des techniques horlogères européennes, le Karakuri, véritable art de la création d'automates, connaît un essor important. Un des grands maîtres du Karakuri, Hisashige Tanaka, développa au XIXème siècle une société de télécommunication appelée aujourd'hui Toshiba.
Isaac Newton (1642-1727) qui découvre, entre autres lois, celles de la gravitation, en tire la conclusion que la nature et l'homme sont des machines harmonieusement agencées. En 1738, Vaucanson (1709-1782) présente le premier androïde à l’Académie des sciences : le joueur de flûte, haut de un mètre cinquante, qui peut jouer douze airs de musique. Cette philosophie alliant biologie et mécanique est trés critiquée par l'église qui la perçoit comme une diffamation des préceptes religieux concernant l'immortalité de l'âme. Car cette théorie pose une question dérangeante : Dieu le créateur, ne serait-il pas simplement un grand ingénieur ?
On peut rappeler qu'au XXème siècle, l'ingénieur américain d'origine hongroise von Neumann, théoricien de l'ordinateur moderne, travaillait au moment de sa mort en 1957 sur les aspects comparatifs entre le fonctionnement de l'ordinateur et le cerveau. La théorie bio-mécanicienne de l'être humain, thême sous-jacent de l'univers cyberpunk et de Ghost In The Shell, reste donc toujours d'actualité
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