HOLLOW MAN
Nombre de critiques : 1
Note moyenne : 12/20





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Hollow Man

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Les critiques

La critique de François Gorin - Télérama.

Un homme invisible tourmenté par sa libido devant la caméra efficace de Paul Verhoeven. Visible.

Dessine-moi un homme invisible. C'est en somme ce qu'un grand stu-dio a demandé au Hollandais violent de Hollywood, alias Paul Verhoeven. Figure imposée en deux mouve-ments : 1) Quel risque un homme est-il prêt à prendre pour devenir invisible 2) Que va-t-il faire dès lors qu'il échappe à la vue, donc au contrôle. de ses congénères? Répondant mécaniquement à ce programme déjà maintes décliné, le scénario livré clés en mains ne lui laissait pas une grosse marge de manœuvre. Pas question ici de renouveler cette mise à sac du film de genre qu'était Starship Troopers (où les genres d'ailleurs se mêlaient film de guerre, de S-F, d'ados). Mais quand on a une griffe - et c'est le cas du très inégal Verhoeven on l'insinue toujours. même dans un canevas aux mailles serrées.

Sebastian, petit génie opiniâtre à tendance mégalo-cynique (Kevin Bacon, plus près de David Bowie que du crâne d'œuf standard), dirige une équipe de six chercheurs. Il découvre enfin la formule qui rend le corps invisible. Une fois le sérum testé avec succès sur un gorille, il décide de se l'administrer lui-même sans être sûr du voyage de retour. C'est évidemment là que ça se corse pour lui...

Cette première partie animée par l'excitation de l'expérience, est d'abord une réussite plastique. Les scènes ou se décompose puis se recompose l'organisme - du singe comme de Sebastian -dépassent en magie l'ordinaire des effets spéciaux (et suggèrent ce que pourraient être les cours de biologie du futur).



Dans le huis du labo souterrain - bloc opératoire, labyrinthe de couloirs, cage et cellules-. Verhoeven s'emploie aussi à créer une ambiance entre blague et tension, qui louche délibérément sur quelques étalons du kitsch télé-visuels (de Star Trek à Urgences).

Désormais évacuée de l'image, la chaire de Sebastian reste au cœur du problème. Car son goût du sacrifice vient aussi du dépit de n'être plus l'amant de Linda, une camarade d'équation plutôt canon. Toute l'affaire exhale donc une odeur de sexe, et Verhoeven ne s'en prive pas, lui qui ramas-sa le jackpot en érotisant au maximum un polar assez fumeux - Basic Instinct. Il y a matière a creuser : si la belle Linda (Elisabeth Shue, très sharonstonienne) a largué Seb pour se consoler dans les bras plus prosaïques du bellâtre Matthew, c'est que, du temps de leur couple le petit génie n'était pas vraiment là, pas assez présent, incarné, charnel. Bref, cet homme un peu courant avait déjà quelque chose de virtuel sinon d'invisible.

Mais le vertige alors ressenti - et digne Cronenberg - est fugace, passager. 100% désincarné sous son masque en latex, Sébastien devient l'exécutant de fantasmes prévisibles, où la libi-do prime. Gare à la voisine trop souvent reluquée, à l'ex recasée,.. Puis c'est chaque témoin de l'expérience à demi ratée qui va sen-tir la menace. Martyr de son propre ego, Sebastien n'est plus bon qu'à jouer les démons. Il de-vient l'alien de service d'une sé-rie B d'horreur, d'ailleurs pas mal troussée.

Car Paul Verhoeven, lancé sur les rails de l'efficacité, crache encore quelques jolis artifices (le corps invisible révélé au laser comme des taches de couleur) parmi les accessoires routiniers (l'éternelle cage d'ascenseur...). Ainsi Se consument dans un brasier d'en-fer les signaux métaphysiques entrevus dans la première moitié du film Malgré tout, il v a là encore de la part du cinéaste un refus de lâcher prise, de sonner creux.

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