SOLARIS (1972)
Nombre de critiques : 1
Note moyenne : 20/20




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Solaris

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Les critiques
 Florent Houde

Imaginez une planète recouverte d'un immense océan étale, masquée par une épaisse couche de brume opaque et mystérieuse. De la planète parviennent jusqu'aux observateurs de la station orbitale terrienne les images hypnotiques des ondes et circonvolutions sur la surface aqueuse de Solaris. Chris Kelvine est un psychologue que le gouvernement envoie sur la station d'observation pour une ultime tentative de percer le secret de la science solaristique. Il doit rejoindre trois autres scientifiques en orbite depuis déjà pas mal de temps. Il semblerait cependant qu'ils aient quelque peu perdu la raison et que la planète soit à l'origine de leur désordre mental. Kelvine s'apercevra bientôt que ces scientifiques ne sont pas les seuls occupants de la station.

Incompris à sa sortie au festival de Cannes en 1972, "Solaris" peut être vu comme une réponse âpre et austère au tourbillon multicolore du "2001, Odyssée de l'espace" de Kubrick. Au-delà du simple scénario d'anticipation (que le cinéma russe affectionne depuis "Aelita"), Andreï Tarkovski, auteur et réalisateur du film, s'inspirant du roman polonais de Stanislav Lem, insuffle dans son propos un courant va bien à l'encontre de celui du tandem Clark/Kubrick. Chez les uns, la technologie se conçoit comme une porte ouverte vers l'avenir et la naissance d'une nouvel élan pour l'humanité. Chez l'autre, au contraire, la pensée pragmatique et la recherche de la vérité scientifique constituent de vraies barrières pour l'esprit humain qui ne doit pas avoir de limites. Sur la station, l'antipathique professeur Sartorius représente la pensée scientifique dans l'absolue, écho du pouvoir politique (dont le modèle est encore celui du Marxisme/Léninisme de l'Union soviétique) qui ne pense qu'à irradier la planète pour en neutraliser les effets. Kelvine, lui, incarne cet esprit ouvert, qui a tout quitté sur la terre n'emportant avec lui que des regrets et la nostalgie du temps passé, de l'amour perdu qu'il retrouvera sur Solaris.

"Solaris" est un film très lent qui se déroule au gré de longs plans-séquences comme un poème chromatique et visuel. L'utilisation de filtres de couleur pour signifier différents états ou contextes du film fera très largement école chez d'autres réalisateurs (pensez à Soderberg). Un tout particulier est donné aux décors très froids de la station qui semble une épave dérivant au-dessus de la surface pure de la planète. La qualité du cadrage (Tarkovski était passionné par l'art des primitifs flamands) s'accompagne d'une ambiance musicale electro-accoustique avant-gardiste composée par Edouard Artémiev. A bien des égards le film rappelle "2001" : une brève étreinte en apesanteur sur une musique de Bach, une séquence vertigineuse au travers des tunnels d'un immense échangeur autoroutier, de profonds travellings dans les couloirs de la station. Un ensemble d'éléments qui nous permettent de suivre le cheminement de Kelvine vers Solaris comme un retour vers lui-même, vers les moments perdus d'autrefois.
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