Dans l'arène du Rollerball / Jean Reno |
Zoom avant
Genèse de Rollerball
A la fin des années 70, la science-fiction connaît une vague de pessimisme suite aux divers bouleversements dans nos sociétés modernes. De nombreux films (Soleil Vert, Silent Running, Apocalypse 2024, etc...) nous présentent un futur dénué de toute émotion, aseptisé et froid. Vers la fin de cette vague "noire" de la S-F au cinéma, Norman Jewison nous offre la vision d'un sport ultra-violent dans Rollerball(1975), créé par de grands lobbies internationaux pour susciter l'engouement des foules, mais surtout pour mieux les contenir. Le film se veut une critique sociale même si le propos de Jewison n'évite pas toujours le piège qu'il veut critiquer...
Au début de 1991, le studio Metro-Goldwyn-Mayer, toujours à la recherche de suites potentiellement "bankables", envisage une suite à ce Rollerball. Plusieurs scénarios sont envisagés, le projet échoue à plusieurs reprises et c'est seulement en 1999 que John McTiernan est contacté, fort de son succès avec Thomas Crown, le remake du célèbre film avec Steve McQueen et Faye Dunaway. A la lecture du scénario, McT (McTiernan) n'est pas satisfait et décide d'une réécriture qu'il confie à John Pogue, auteur du script de US Marshals. Le mot d'ordre du réalisateur est de gommer l'idée que le film est transposé en 2200, la violence dans le sport est déjà dans le présent, il est donc inutile de se transposer deux ans en avant mais d'envisager un futur immédiat, disons celui de 2005.... Côté acteur, après le désistement de Nicolas Cage, initialement prévu par McTiernan, c'est Chris Klein (American Pie) qui décroche le rôle, l'acteur est plus jeune et plus ciblé pour le public touché par le film, dixit les producteurs!
Le tournage se déroule dans une usine désaffectée dans la banlieue de Montréal (Canada) car aucun plateau ne possède la superficie désirée. Côté cascades, les producteurs engagent Jeff Imada, déjà talentueux sur bon nombre de productions de John Carpenter, particulièrement bien placé puisque spécialiste de rollers et de motos! Ce dernier engage les meilleurs rollers du circuit professionnel mondial, les forme et les entraîne aux acrobaties nécessaires au film. Le tournage est particulièrement difficile, minutage coordination, respect des règles édictées par Imada sont un gage de réussite. Les câbles utilisés lors des cascades où des doublures sont projetés dans les airs seront ensuite gommés par les effets spéciaux.
Les choses se compliquent après le tournage qui s'est déroulé du 26 juillet jusqu'à début décembre 2000, la MGM qui produit le film, trouve que le film manque de punch et que les scènes de Rollerball, bien que réussies, ne relèvent pas assez le rythme. Les scénaristes ne veulent pas changer un iota du scénario mais pensent inclure une séquence de luge en roller dans la séquence d'ouverture du film, un peu à la manière des James Bond. L'équipe tourne alors de nouvelles scènes en Avril 2001, alors que la sortie est prévue pour le 17 Aout 2001 aux USA.

Deux vues de la scène de luge-roller :
un cascadeur passant de la voiture à la luge,
deux lugeurs dans les rues de San Fransisco.
Projections tests
Une première projection-test a lieu en Mai 2001. Nous ne développerons pas l'intérêt de ces projections-tests qui permettent seulement de calibrer les films comme n'importe quel produit standard.
Peine perdue pour McTiernan, le Web se fait le relais de ces déboires et un nouveau montage est testé le mois suivant sans réussite non plus. La MGM est désormais consciente que son blockbuster n'est en fait qu'un gros ratage et qu'il ne touchera jamais un large public! Qu'à cela ne tienne, les producteurs toujours pleins de ressources décident de distribuer le film en PG-13 (déconseillé au moins de 13 ans) alors que le montage d'origine le classait en R (interdit aux mineurs non accompagnés). McTiernan réalise un nouveau montage, les SFX gomment certains aspects trop choquants du film. Un exemple d'élimination du film originel : lors des scènes dans les vestiaires, les femmes à l'origine seins nus, auront des soutiens-gorge à la demande des producteurs. Même le nu de Rebecca Romijn-Stamos sera remplacé par une ombre malvenue!

La scène des vestiaires en version "R",
puis en PG-13 après passage des effets spéciaux.
La version sortie le 13 Mars 2002 sera donc celle édulcorée par les producteurs, peut-être verrons nous la version initiale dans une future édition DVD?
Box office
Après les problèmes rencontrés en post-production, John McTiernan et son Rollerball ont rencontré les pires problèmes lors de la sortie US. Le film était depuis longtemps trés attendu et les retards successifs de sortie n'ont rien fait pour arranger les choses. Précédé d'un bouche à oreille calamiteux, de critiques incendieuses, le film n'a récolté que 9 millions de dollars durant ses trois premiers jours d'exploitation.
Une bagatelle pour un film qui en a coûté près de 80 millions de dollars en budget officiel et présenté comme l'un des blockbusters potentiel du début de l'année 2002, avant les déferlantes Star Wars 2 et Spider-man... C'est un nouvel échec dans la filmographie du souvent talentueux John McTiernan. Un petit rappel, le remontage poussif - par les producteurs- de son film précédent, le 13ème Guerrier, n'avait rapporté que 32,7 millions de dollars et le remake de L'Affaire Thomas Crown, 69,3 millions de dollars de bénéfices.
McTiernan, un faiseur de remakes?
John McTiernan signe pour la seconde fois de sa carrière un remake d'un film de Norman Jewison. Avant de réaliser Rollerball, le cinéaste avait en effet mis en scène en 1999 Thomas Crown (The Thomas Crown Affair), une nouvelle version de L'a Affaire Thomas Crown (The Thomas Crown Affair), réalisé par Jewison en 1968.
McTiernan et les producteurs
McTiernan avait déjà eu plusieurs problèmes avec ses précédents producteurs. Pour son film Last Action Hero avec Schwarzennegger, le changement de producteur en plein tournage orienta le film davantage vers la comédie que vers l'action pure, faisant abstraction des remarques de McTiernan. Le réalisateur termina le film au plus vite conscient qu'il avait perdu les rênes du projet.
Dans Le 13ème guerrier, Michael Crichton, alors co-producteur et auteur du livre adapté, décide de couper plus d'une demi-heure de film, trouvant les scènes de cannibalisme trop suggestives et réalistes.

Roman
Rollerball est un remake du film de science-fiction du même nom réalisé par le cinéaste canadien Norman Jewison en 1975, avec James Caan dans le rôle de Jonathan Cross.
L'histoire est tirée du roman de William Harrisson intitulé "Roller Ball Murders".
L'arène du Rollerball
Les décors de l'arène du Rollerball sont l'œuvre du chef décorateur Norman Garwood qui a œuvré entre autres sur Bandits, Bandits des Monty Python, Brazil, Hook ou Perdus dans l'espace.
La piste en forme de huit a été construite en dur, un tremplin placé au centre permet aux joueurs de bondir juste au-dessus de la piste inférieure... sur les joueurs adverses : la piste du Rollerball de 1975 était juste de forme ovale.
Une signature de dernière minute
L'actrice Rebecca Romijn-Stamos, vue dans Femme fatale de Brian De Palma, qui interprète la farouche Aurora de l'équipe des Horseman, a été engagée à la dernière minute pour le film : seulement 24 heures avant le début de la production.
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Paroles de McTiernan
"Je suis parti d'un concept décliné en quelques questions : que se passerait-il si le catch américain était transposé dans une région du monde où il n'y aurait pas de règles sportives ? Où tous les coups seraient permis? Où chaque goutte de sang versé sur la piste ferait grimper l'audience ? Que se passerait-il si deux américains débarquaient dans ce sport?"
A propos de ses deux remakes successifs de film de Norman Jewison :
"En vérité, je suis son fils caché et je réalise des remakes de ces films afin qu'il prenne conscience de mon existence...".
Ce qu'il pense de Norman Jewison (réalisateur du film original)
"J'aime beaucoup le travail de Norman. Je trouve qu'il fait des films honnêtes. Je suis donc forcément attiré par eux"
Propos de Norman Jewison après le premier montage du film :
"Je refuse d'avoir un lien quelconque avec ce film qui glorifie la violence que j'utilisais de mon temps pour souligner la putasserie des corporations multinationales."
"Je pense que Rollerball possède un grand potentiel", déclare Robert Levin, le nouveau directeur marketing des studios MGM. "Je sais que c'est une décision de dernière minute délicate à soumettre à un réalisateur, mais John McTiernan a accepté que je prenne cette décision". Robert Levin affirme que malgré un planning de post-production très chargé, notamment en raison d'un grand nombre d'effets spéciaux, le film aurait été de toute façon prêt pour le 17 août. Il affirme également que ce retard n'a rien à voir avec une éventuelle mauvaise qualité du film. "J'ai été très satisfait de ce que John McTiernan m'a montré", déclare ainsi le responsable de la MGM.
Chris Klein : Rollerball c'est pas de la S-F! :
"Regardez les matchs de football américain, quand un joueur réalise un beau geste ou marque, la télé repasse l'action en boucle plusieurs fois. Mais ils font exactement la même chose quand il s'agit d'une blessure, ils vont jusqu'à amener la caméra et un micro à coté du joueur pour montrer ce qu'il se passe. Ils diffusent les gros plans de la blessure et ... envoient la pub. Normal, ils savent que tout le monde est scotché devant son poste! Rollerball ce n'est donc plus de la science-fiction!"

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