Dans " John Carpenter's Ghosts of Mars " (titre US), le scénario (co-écrit avec Larry Sulkis) présente une société matriarcale dominante où Melanie Ballard (l'héroïne incarnée par Natasha Henstridge)) est une rebelle antisociale. Sorte de western futuriste à mi chemin entre Los Angeles 2013 et Assaut du même réalisateur, bourré de références à Zulu, classique du film colonial britannique qui relatait l'attaque par quatre mille zoulous d'un camp retranché farouchement gardé par une centaine de soldats de la couronne britannique (de Cy Enfield, 1964), le nouveau Carpenter est à l'image de son réalisateur : inclassable !

Pour bien montrer l'évidente similitude entre l'univers du western et son film, John Carpenter déclare : " Il y a un siège autour d'une prison, des bagarres dans un train, des scénes de bataille. Beaucoup d'entrainement physique pour tout le monde... le personnage de Joanna Cassidy s'enfuit à travers le paysage martien dans un ballon météo modifié . Mais pas de vaisseau spatial. Aucun truc de ce genre.".

Le film se déroule dans une sorte de ville frontière située près d'une mine. Aucune trace en surface n'indique l'existence d'une précédente civilisation, mais la mine, elle, révèle... un piège. C'est une situation semblable à celle de "la Malédiction des Pharaons" (film des années 60), lorsque, après avoir été ouvertes, les portes d'un tombeau égyptien laissaient s'échapper une implacable malédiction qui frappait toute la planète. C'est le dilemme des colons. Cette force les capture, et les emporte. Ils ne sont alors plus humains, mais deviennent d'anciens guerriers Martiens, s'attaquant en groupes aux terriens, éliminant de la planète tout ce qu'ils perçoivent comme un envahisseur".
Pour une fois l'antique civilisation martienne n'est pas "technologiquement" trés avancée comme dans les rencontres typiques de ce genre. C'est une société tribale barbare, qui n'a développé aucune haute technologie. Leur évolution s'est essentiellement axée sur les phénomènes surnaturels, et le piège incarne leur "sentinelle". Une entité gardienne qu'ils ont laissé là, afin que nul étranger ne puisse s'approprier leur univers.

Le prince du film S-F indépendant

Difficile pour Carpenter d'arriver après Mission To Mars et Red Planet : pas sur le fait que les deux films précédents soient des chefs d'œuvre mais sur le potentiel de créativité de ce nouveau film. On oubliait que c'est sans compter sans le génie de cet artisan de la série B de science-fiction. Alors que De Palma nous balançait un diaporama à l'échelle de l'univers, Carpenter sort les fantômes aux dents longues et assoiffés de sang.

"S'il est vrai que les trois films se déroulent sur Mars, le mien n'a rien à voir avec ses prédécesseurs. En premier lieu parce qu'il ne met pas en scène des astronautes allant a la découverte d'une planète inconnue. Vous n'y trouverez pas de scènes comme l'atterrissage d'une capsule spatiale. Nous avons volontairement placé l'histoire presque 200 ans en avant pour consolider l'idée que Mars a été terraformé : l'air y est respirable. C'est finalement un cadre assez proche de celui de la Terre!". Et le cinéaste d'ajouter que, de toute manière, l'échec commercial (relatif) de Mission to Mars, puis celui (cuisant) de Planète rouge ne l'affectent guère. Même s'il ne l'exprime pas explicitement, son indifférence à l'encontre des expéditions martiennes de Brian De Palma et d'Anthony Hoffman saute aux yeux. Pourquoi ? "Ghosts of Mars fait figure autant, sinon plus, du film de fantômes que de la science-fiction classique.