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 Starship Troopers
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STARSHIP TROOPERS : LE TOTALITARISME IRREEL

ttention ! Starship Troopers est un film à revoir : une première fois pour l'histoire d'une bande de copains engagés volontaires dans une lutte sans merci contre de méchants insectes voulant coloniser la galaxie, la seconde pour les effets spéciaux remarquables et une troisième pour l'esprit caustique qui anime le film dans ses moindres recoins.

De l'art de tuer les insectes

Le scénario ressemble à un film de guerre patriotique comme les Etats-Unis en produisaient dans les années 40-50, lorsqu'ils étaient pris dans des conflits éloignés et où il fallait bien motiver les troupes et les familles restées au pays. On y faisait une glorification outrancière de l'héroïsme, de l'abnégation du soldat au profit du groupe et du dévouement patriotique qui aujourd'hui nous paraissent bien éloignés et un rien décalé! A première vue donc, rien de bien nouveau sous le soleil de Buenos Aires, promue banlieue très proche de Los Angeles avec les raccourcis spatiaux nouvellement créés pour voyager à la vitesse de la lumière.

Starship Troopers est construit de manière schématique en trois volets distincts : l'éducation scolaire, l'éducation militaire, la guerre. On suit dans un premier temps les aventures sentimentalo-scolaires d'une bande d'étudiants bon teint et de bonne famille : attention au début on est plus près de Friends que de Robocop! Ces jeunes gens, fraîchement sortis de l'université, s'engagent dans la défense nationale, sont séparés par leurs affectations, puis se retrouvent à la fin, mûris par les épreuves et la guerre mais toujours amis, selon le serment qu'ils avaient pris au départ. La Terre n'est plus qu'un vaste état à connotation fortement américaine, largement militarisé, en proie à une guerre à l'échelle galactique contre une race d'insectes, dépourvus de technologie, mais capable de lancer des projectiles et de détourner des météores vers notre chère planète. Assaillis régulièrement par ces monstres, les terriens ont décidé de riposter une fois pour toute et de s'engager dans un conflit ouvert.

Comme "au bon vieux temps des colonies", le conflit ne se déroule pas sur Terre mais sur la planète de l'ennemi qui est à quelques heures de route par l'intermédiaire de "raccourcis" espace-temps. Une fois arrivés sur place, pas le temps de poser son baluchon ! On entre de plein pied dans une guerre de tranchée des plus indigestes. Même les terriens calés dans leur fauteuil ont droit à leur flash d'information quotidien où un reporter tonitruant détaille les prodigieuses avancées de quelques mètres des vaillants militaires… juste avant de se faire couper en deux par un insecte qui l'empale sous l'objectif de la caméra !

Le film est d'ailleurs largement entrecoupé de flash de ce genre : une sorte de mélange de télévision et de Web d'information avec des menus gadgets chargés de boutons et de curseur de souris qui ne sont là que pour donner un sentiment d'interactivité puisque le spectateur ne peut pas faire de choix réel. C'est en fait une télévision de propagande avec un bel emballage, où les ennemis sont clairement identifiés : "les insectes". Tous les courts sujets tournent autour du même sujet : "Comment tuer les insectes", on y voit notamment une institutrice montrant à ses élèves les bases du piétinement… Un autre flash clame haut et fort : "Un bon insecte, c'est un insecte mort!".

Premier degré ou auto-dérision ?

On le ressent tout au long du film, à moins d'être en état de somnolence avancée ou mou du bulbe rachidien, les cours du vétéran des marines, le discours mobilisateur officiel, l'entraînement hyperréaliste des recrues, les morceaux de bravoure des combattants et les amas de cadavres, tout cela sent la surenchère suspecte !

La force du film est justement de jouer sans cesse sur la corde raide à mi-chemin entre l' action pure et dure et l'ironie. Certains lui ont même reproché au film de ne jamais choisir véritablement son camp et d'être ainsi un échec cinématographique. D'autres ont reconnu en lui une exacerbation des sentiments patriotiques jusqu'à frôler l'extrémisme de premier degré ! Il est vrai que le trait ironique baigne dans un climat d'action continu, et qu'il n'est pas aussi net que dans Docteur Folamour ! de Stanley Kubrick…

Certaines répliques sont d'une grande résonance comique : "Moi, c'est l'infanterie mobile qui a fait de moi l'homme que je suis devenu", dit un militaire auquel manquent trois membres...

Dans un flash d'information : "L'accusé a été condamné: exécution ce soir, tous les réseaux, toutes les chaînes", mais filmé comme dans un film de science-fiction au premier degré.

Bon, c'est vrai qu'il nous avait déjà fait le coup dans Robocop, Paul Verhoeven est un spécialiste du cinéma coup de poing : montrer de manière accentuée pour mieux démonter les mécanismes de l'information (les flashs), et de la propagande…

Morceaux choisis

La séquence d'ouverture met les pieds dans le plat avec un dialogue entre les élèves clean d'une université et leur professeur, extraits du dialogue :

Le professeur: "Alors résumons un peu. Nous avons vu pourquoi et comment la démocratie a été un échec. Comment les socio-scientifiques ont conduit le monde au bord du chaos. Nous avons parlé des Vétérans, de la façon dont ils se sont assuré le contrôle et on imposé la stabilité qui devait persister durant des générations. Vous connaissez ces faits. Mais vous ai-je appris quoi que ce soit de valable au cours de l'année? mmm? Pourquoi seuls les Citoyens ont-ils le droit de vote?
Un étudiant : "- C'est une gratification, ce que la Fédération vous donne si vous faites votre service fédéral?"
- "Non. Non! Il n'y a pas grande valeur à quelque chose qui vous est donné. Écoutez : en votant, vous exercez une autorité politique analogue à une simple force. Et la force, mes amis, c'est la violence. La suprême autorité dont toute autre autorité n'est qu'un dérivé." Une étudiante : "-euh, ma mère disait toujours que la violence ne résout rien?"
- Ah ouais? J'aimerais savoir ce que les étudiants d'Hiroshima pourraient bien dire de ça?
Une étudiante, souriante : - "Il est probable qu'ils ne diraient rien. Hiroshima fut anéantie."
- "La force brute a résolu plus de crises au cours de l'histoire que tout autre facteur. L'opinion contraire, à savoir que la violence ne résout rien, s'appelle prendre ses désirs pour des réalités. Ceux qui l'oublient finissent toujours par payer."

Tourjours le professeur :Rico, quelle est la différence au niveau moral, qui sépare un civil d'un Citoyen?
Rico qui récite sa leçon visiblement : "Le Citoyen va assumer personnellement la responsabilité de la sécurité du corps politique allant jusqu'à la défendre avec sa vie. Ce n'est pas le cas du civil."
- "C'est exactement le texte. Mais le comprenez-vous? Y croyez-vous?"
Rico : "Je n'en sais rien."
- "Évidemment que non! Je doute qu'aucun de vous saurait reconnaître la vertu civique même si elle vous sautait au cul pour de bon."
Le cours se termine...

Le monde futuriste unifié de Starship Troopers ressemble étrangement à l'Allemagne de la seconde guerre mondiale : la scène de recrutement et d'engagement des civils est un exemple de ce que l'on pouvait voir outre-Rhin pendant la montée fasciste. L'apologie du soldat et de ses devoirs, au détriment du "civil" traité en personnage de second ordre, pourrait apparaître comme une démonstration pesante du nationalisme. Si Verhoeven utilise les trames éprouvées du film de propagande et la surenchère dans la violence, fort heureusement secondée par une forte dérision, c'est pour mieux dénoncer ce système totalitaire. L'ironie est une donnée peu appréciée aux Etats-Unis, surtout quand le but du film est détourné par le réalisateur. Starship Troopers a été un échec retentissant aux States peut-être à cause de ce difficile équilibre entre action et ironie caustique…


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